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Le poignet / 2018
Performance ; blocs d’éponges 60 x 90 cm.
exte écrit par Arthur Flechard.


    « Alors l’éminence née de la grosse extrémité du radius disparaîtra. » Pierre Nicolas Gerdy, Anatomie des formes du corps humain appliquée à la peinture, à la sculpture et à la chirurgie. partie 1, p. 213. (1829)

       En partant de cette maxime, tirée du livre de P.N Gerdy j’ai réalisé une performance qui met en avant les risques que suppose la disparition du poignet. La sagesse du poignet Cette performance a été présentée lors du cycle de performances Public Pool 4, à la Cité Internationale des Arts de Paris, en 2018.






TEXTE

          “Le poignet, dit endroit où le bras se joint à la main représente un préambule à l’action. Il est à la fois ce qui prédomine au sujet, c’est-à-dire son amorce, et l’enceinte par laquelle le geste se définit. Le penseur de Rodin ( sculpture en bronze édifiée en 1902) est ce qu’il convient de nommer une porte pour tout individu qui désire pénétrer dans l’univers du poignet ; la main droite du penseur, orientée vers son propre buste, ouvre mécaniquement le poignet vers l’extérieur se faisant seul témoin de l’acte à penser. Dans un mouvement à la fois de flexion et d’abduction la main s’isole du poignet par dévouement au menton alors support au processus de pensée. Le poignet, nous l’avons vu plus haut, alors second s’en trouve premier. Il est cette clenche, qu’il convient à l’homme de fléchir, pour pénétrer au coeur du sujet. Pendant une année, je suis donc allez contempler trois fois par semaine le penseur; me disant qu’au fond et cela à défaut de penser que je verrai en ces rendez-vous ponctuels les fruits d’une libre association. Je projetais alors sur le penseur mes sentiments refoulés, lui faisant part de mes doutes quant à l’importance supposée du poignet dont Rodin semblait lui-même avoir pris part en le disposant de telle sorte. Je n’y voyais là aucune allusion au caractère trivial que pouvaient suggérer les expressions dites propres au poignet que notre langage avait pour coutume d’identifier. Il s’agissait surtout pour moi de comprendre pourquoi Pierre Nicolas Gerdy, anatomiste et grand amateur d’art, en était venu à cette affirmation selon laquelle (pour le citer une seconde fois) « l’insignifiance du poignet dans sa représentation est un motif à sa disparition ». Il ne s’agissait pas là d’une critique, je crois, mais d’une introspection; d’une analyse par laquelle il pensait pouvoir nous prémunir des dangers quant à la disparition de cet organe et qui plus est, à la qualité du travail plastique qu’il jugeait indissociablement lié à sa dextérité. J’avais pour ma part, grâce au docteur Butet de la faculté de Rennes, acquis des connaissances sommaires en anatomie qui me permettait d’entrevoir dans le poignet - complexe par les nombreux muscles qu’il contient - son importance dans l’histoire de l’art. J’avais non plus de l’empathie, mais de la fascination, j’imaginais par ses multiples déclinaisons sa régression lente et douloureuse; agonie dont seule une analyse précise du trajet de la main et cela corrélativement au mouvement artistique concerné, pouvait en révéler son degré d’influence. Le poignet avait était acquitté par l’artiste, mais la trace elle demeurait. Un siècle s’était écoulé et encore fasciné par l’objet, l’artiste s’attelait à intervertir sa fonction comme si ces réminiscences, témoins de son labeur et expressions de sa fertilité, ne suffisaient plus à elles seules pour définir son geste.”



Mark