scroll down
CRULULON ︎︎︎ Performance, technique mixte, 2023
Crululon porte le visage de son père. Prenant le public à témoin, il se lance dans un soliloque, à l’assaut de son héritage pour le désavouer.
Artefact #1 - la trousse
Prologue : Je suis une pute. Une pute de mère ; et Crululon est mon fils. C’est donc un fils de pute. Derrière ce store il y a le détective : c’est un personnage grotesque, toujours prêt à dégainer sa chose. (Elle cris « ordure !») Lui et sa grosse bite vont venir bien trop vite quand mon Crululon sera mort...Mon Crululon chéri… Car Crululon vas mourir, il hurle déjà sur sa feuille, il agonise entre les lignes… Il n’y a qu’une mère pour voir ça ! (elle se retourne et regarde le publique) Demain vous repartirez à vos occupation. Vous mâcherez votre salive avec un petit bout de mon fils coincé entre deux dents. Vous vous serez fait Crululonné…
Artefact #3 - Store
Bois, papier calque, ficelle
J’ai le visage de mon père. J’ai hérité de son visage et son visage m’irrite. Maman dit qu’il faut tourner la page mais je n’y arrive pas. Son visage est là, il me gratte, m’agrippe.
Ce n’est pas confortable de porter un visage, surtout celui de son père. Je pourrais me réconforter en me disant que ce n’est confortable pour personnes. Mais je sais que ça ne servirait à rien parce que je sais que personnes n’a son visage. On respire mal sous un visage, l’air vous manque. Il y a des trous bien sûr : la bouche, le nez ; mais à quoi servent-ils quand on a aussi souvent que moi le nez bouché et la bouche pleine. J’ai une déviation nasale – comme mon père, j’ai hérité de son nez et de sa rhinite chronique. Chaque fois que je me mouche, j’expectore un peux de lui, un peu de son visage. Je le pose sur le papier. Malheureusement, ça ne suffit pas. Je me sent toujours aussi encombré. Pire, j’ai son visage en double. Quand je me voit dans le mouchoir, je regarde mon visage tout infecté de mon père. Il est tout jaune et tout gras. Quand je dis que j’ai la bouche pleine, c’est qu’elle est pleine de ça, de glaires, d’images fileuses de papa que j’arrive pas à cracher. Résultat, je le ravale ; et mon estomac est infecté. Quand les remontés gastriques me prenne, évidemment papa en profite pour refluer – en plus de son visage, j’hérite alors de son haleine –un mélange de café et de jambon.
Quand il escalade ma trachée, je m’enfile un camembert entier, et m’amuse à roter pendant une heure. L’odeur suffit généralement à le faire partir, la contrepartie est que maman croit que je suis boulimique et cherche à me faire consulter.Je n’ai pas connu mon père, mais j’ai son visage, c’est assez pour le connaitre . Je lui rappel à ma mère constamment qui m’appelle Philippe au lieu d’Antoine, qui me laisse le blanc du poulet alors que je préfère l’os, et d’autres allusions gênantes qui interfère dans notre relation. Quand je demande à maman à voir mon père, qu’elle n’emmène faire une radio des poumons, de la gorge, pour qu’enfin on me diagnostique malade de lui officiellement, elle sort ce petit miroir de poche (pour m’humilier) qu’elle à toujours sur elle, et me dit que je devrais me contenter de se qu’il m’a laissé.
J’ai deux grandes oreilles, se sont deux grandes oreilles d’ânes qui mesurent la moitié de la longueur de ma tête. En plus de son regard et de son halène, papa m’a laissé son bonnet. Toutes les semaines, je dois aller chez le coiffeur, maman tient à ce qu’il me dégage les oreilles : pour pouvoir plus facilement les tirer. Parce que dès qu’elle s’énerve ; maman me tire les oreilles, elle les tires comme des mamelles pour faire sortir mes crayons, et me vide de mots par la tête. Quand elle est complètement pleine, que les mots finissent par (l’indisposer), Elle peux pas s’empêcher de vomir sur ma feuille des poèmes d’amour en l’honneur de feu mon père, ce bon vieux Crululon premier. A force de devoir lire ses sonnets de merde, j’ai les yeux qui divergent, c’est nerveux. En plus de plus pouvoir respirer, je vois plus rien. Quand on en arrive là, on peux plus faire marche arrière. La seule chose qui reste à faire, c’est de s’étendre sur sa feuille, lentement, la mastiquer un bon coup, avec ces trois syllabes en tête qui s’entretue : Crululon.
Artefact #2 - L’inspecteur
Détail costume