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“NOUS”
NOUS sommes trop grands pour ce monde et ce monde est trop petit pour NOUS. NOUS sommes une troupe de grands, pas très connus. NOUS avons fait des spectacles, des jeux, des ateliers pour enfants.
Tout ce que nous faisons, NOUS l’avons toujours fait en grand, quitte à tomber de notre hauteur. NOUS avons été romantiques quand vous êtes conforme ; lourds quand vous êtes légers. Gratuitement, NOUS avons exposé. Et par nécessité NOUS avons monté des projets que nous savions d’avance creux.
NOUS avons peint, dansé, chanté dans des lieux toujours plus étroits. À dessein d’humiliation, NOUS avons exposé dans les toilettes d’un musée. À Tours, (dans son centre d’art contemporain) c’est dans l’ascenseur que NOUS avons été priés de montrer nos dessins, avant que le sort ne s’acharne une dernière fois sur NOUS, en nous envoyant ici, à Paris, exposer chez un particulier.
Après avoir dépassé ce stade, le sentiment de défaite est naturel, et beaucoup d’entre NOUS nous ont quittés. Certains ont fait le choix de s’amputer de leurs jambes pour se mettre à hauteur. Pour les autres, le besoin de silence s’est fait plus pressant, et quitte à disparaître, ils ont préféré se tuer. De notre troupe, il ne reste que NOUS. Un pronom qui abrite un groupe impossible à compter. NOUS sommes 10 000, 100, 5. Notre déclin est relatif à notre grandeur. Moins NOUSsommes, plus NOUS grandissons. Mais aujourd’hui nos têtes se touchent, NOUS avons atteint notre plafond. À grandir encore, NOUS risquerions de ne plus nous faire entendre. Et ça, NOUS ne le voulons pas.
Si NOUS avons accepté l’invitation d’une personne de taille moyenne, c’est dans l’idée de la faire grandir avec NOUS. C’est ce que NOUS proposons d’habitude aux gens qui ont l’ambition d’être grands, mais que la nature a choisis petits. Avec NOUS, Camille a pris quelques centimètres, mais c’est encore trop peu. Et son appartement, lui, n’a rien gagné en mètres carrés. Résultat, l’exposition a lieu sans qu’il NOUS soit possible de répondre à l’invitation dignement.
Pour protester, hier, NOUS nous sommes réunis ici, et NOUS avons crié. Après quoi, nos pinceaux, NOUS nous les sommes enfoncés dans la gorge. Il fallait faire un choix, et à l’unanimité, NOUS avons préféré prendre le risque de les vomir, plutôt que celui de les voir être une fois de plus insultés. Les voisins sont venus : des gens sensibles à l’art, un immeuble sensible à l’art, ils se sont assis et NOUS ont regardés les digérer. Certains sont partis, pour les enfants le spectacle était trop dur. Beaucoup d’entre NOUS commençaient déjà à souffrir, Annie et Franck en particulier. Heureusement, leurs cris ont vite été étouffés et, malgré ces troubles, je peux dire que l’exercice s’est fait dans un relatif silence, et qu’il plut. Pour la première fois, NOUS avons été applaudis. À ça s’est jointe l’humiliation d’être pris en photo.
Je ne peux pas dire que NOUS avons été surpris. La cruauté du monde à notre égard fut toujours constante. Nos parents déjà vous dégoûtaient ; en famille, vous alliez les voir dans leurs cages se donner en spectacle avec cette sorte de curiosité morbide et, quand vous n’en riiez pas, vous en aviez pitié. Des générations entières de géants bons à devoir se courber ! Mais l’heure n’est plus à l’humilité. Ce que NOUS avons dans le ventre, c’est l’art tout entier, et nous avons l’estomac pour le détruire !
Demain, NOUS chierons ensemble ! Et j’espère bien que nos pinceaux noircis vous hausseront le cœur autant que vous nous faites hausser les épaules. NOUS serons alors plus légers qu’une plume. Plus facile à ingérer. Après vous avoir enjambés, NOUS vous survolerons. Car des ailes NOUS auront poussé depuis que l’art se sera matérialisé en pets dans nos intestins trop longs. Enfin, NOUS planerons sur cette ville, ce pays, et plus modestement ce monde. NOUS aurons pourri son art comme son art NOUS a pourris.
Tout ce que nous faisons, NOUS l’avons toujours fait en grand, quitte à tomber de notre hauteur. NOUS avons été romantiques quand vous êtes conforme ; lourds quand vous êtes légers. Gratuitement, NOUS avons exposé. Et par nécessité NOUS avons monté des projets que nous savions d’avance creux.
NOUS avons peint, dansé, chanté dans des lieux toujours plus étroits. À dessein d’humiliation, NOUS avons exposé dans les toilettes d’un musée. À Tours, (dans son centre d’art contemporain) c’est dans l’ascenseur que NOUS avons été priés de montrer nos dessins, avant que le sort ne s’acharne une dernière fois sur NOUS, en nous envoyant ici, à Paris, exposer chez un particulier.
Après avoir dépassé ce stade, le sentiment de défaite est naturel, et beaucoup d’entre NOUS nous ont quittés. Certains ont fait le choix de s’amputer de leurs jambes pour se mettre à hauteur. Pour les autres, le besoin de silence s’est fait plus pressant, et quitte à disparaître, ils ont préféré se tuer. De notre troupe, il ne reste que NOUS. Un pronom qui abrite un groupe impossible à compter. NOUS sommes 10 000, 100, 5. Notre déclin est relatif à notre grandeur. Moins NOUSsommes, plus NOUS grandissons. Mais aujourd’hui nos têtes se touchent, NOUS avons atteint notre plafond. À grandir encore, NOUS risquerions de ne plus nous faire entendre. Et ça, NOUS ne le voulons pas.
Si NOUS avons accepté l’invitation d’une personne de taille moyenne, c’est dans l’idée de la faire grandir avec NOUS. C’est ce que NOUS proposons d’habitude aux gens qui ont l’ambition d’être grands, mais que la nature a choisis petits. Avec NOUS, Camille a pris quelques centimètres, mais c’est encore trop peu. Et son appartement, lui, n’a rien gagné en mètres carrés. Résultat, l’exposition a lieu sans qu’il NOUS soit possible de répondre à l’invitation dignement.
Pour protester, hier, NOUS nous sommes réunis ici, et NOUS avons crié. Après quoi, nos pinceaux, NOUS nous les sommes enfoncés dans la gorge. Il fallait faire un choix, et à l’unanimité, NOUS avons préféré prendre le risque de les vomir, plutôt que celui de les voir être une fois de plus insultés. Les voisins sont venus : des gens sensibles à l’art, un immeuble sensible à l’art, ils se sont assis et NOUS ont regardés les digérer. Certains sont partis, pour les enfants le spectacle était trop dur. Beaucoup d’entre NOUS commençaient déjà à souffrir, Annie et Franck en particulier. Heureusement, leurs cris ont vite été étouffés et, malgré ces troubles, je peux dire que l’exercice s’est fait dans un relatif silence, et qu’il plut. Pour la première fois, NOUS avons été applaudis. À ça s’est jointe l’humiliation d’être pris en photo.
Je ne peux pas dire que NOUS avons été surpris. La cruauté du monde à notre égard fut toujours constante. Nos parents déjà vous dégoûtaient ; en famille, vous alliez les voir dans leurs cages se donner en spectacle avec cette sorte de curiosité morbide et, quand vous n’en riiez pas, vous en aviez pitié. Des générations entières de géants bons à devoir se courber ! Mais l’heure n’est plus à l’humilité. Ce que NOUS avons dans le ventre, c’est l’art tout entier, et nous avons l’estomac pour le détruire !
Demain, NOUS chierons ensemble ! Et j’espère bien que nos pinceaux noircis vous hausseront le cœur autant que vous nous faites hausser les épaules. NOUS serons alors plus légers qu’une plume. Plus facile à ingérer. Après vous avoir enjambés, NOUS vous survolerons. Car des ailes NOUS auront poussé depuis que l’art se sera matérialisé en pets dans nos intestins trop longs. Enfin, NOUS planerons sur cette ville, ce pays, et plus modestement ce monde. NOUS aurons pourri son art comme son art NOUS a pourris.




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